Pénurie de conteneurs et hausses tarifaires: de nouveaux rebondissements
Il y a peu nous avions mis en lumière, à travers une actualité et un article blog, l’état actuel de la supply chain, soulignant les actions de chargeurs pour contourner la mainmise de leurs armateurs. MCS Industries aux USA, soutenus par l’administration Biden, mais aussi certaines sociétés asiatiques ensuite, ont décidé de se retourner contre les chargeurs, estimant que cette situation, jugée rocambolesque, avait été organisée de façon à engranger de colossaux bénéfices… sur leurs dos.
Avec des bénéfices enregistrés largement au-delà des espérances, les armateurs ont su tirer leur épingle du jeu durant la pandémie. Une publication de chiffres records qui n’a fait qu’attiser davantage la colère des chargeurs, lesquels voient dans ces chiffres une injustice dont ils s’estiment les principales victimes.
La FMC américaine a dores et déjà pris les devants en appuyant les plaintes en cours et en accompagnant les futurs plaignants. L’Asie est rentrée dans la mêlée tandis que l’Europe observe non sans attention la tendance de fond qui se dessine.
La tension est à son comble. Même si des armateurs incriminés par les différentes plaintes se défendent et ripostent en invoquant le parjure et la diffamation, d’autres ont décidé d’arrêter les frais en gelant leurs tarifs sur le spot afin d’éviter de remettre une pièce dans la machine. Certes, le geste semble louable mais les chargeurs restent méfiants. Ils estiment que cette action n’a été établie que sous l’effet de pressions politiques et bien trop tard maintenant que le marché est entièrement déséquilibré.
La colère des chargeurs semble justifiée. Très peu d’entre eux n’ont osé répercuter la hausse du coût du transport sur le client final pour ne pas remettre en cause les contrats signés. Cependant, si certains, plutôt solides, ont préféré sacrifier leurs chiffres pour conserver leur clientèle et voir ainsi sur le long terme, ce n’est pas une stratégie qui peut perdurer, d’où les actions entreprises.
Enfin, ce gel des tarifs n’est pas forcément vu comme une action empathique mais plutôt une réponse urgente adressée aux gros chargeurs tels Home Depot ou Walmart qui ont décidé d’affreter leurs propres navires pour remplir leurs rayons. Des actions qui ont donné des idées à d’autres géants comme Canadian Tires, lequel a investi dans un terminal pour fluidifier ses imports ou, plus récemment, des navires vraquiers sollicités pour transporter des containers. Ikea est même allé jusqu’à envisager d’acheter des boites et affréter des navires, signifiant ainsi implicitement qu’il est en capacité de concurrencer les armateurs sur leur propre terrain.
Ikea, en revanche, songe à répercuter la facture sur le consommateur final. Mais la firme suédoise n’a pas encore pris de décision officielle, par peur, probablement, de renvoyer le client vers la concurrence malgré sa position dominante sur le secteur.
Nul doute que cette crise ira bien au-delà d’un simple “feuilleton de l’été”. Les experts de l’économie maritime parlent d’un retour à une situation équilibrée de la supply chain pour 2023. Sous réserve de possibles événements qui pourraient entacher cette lente reprise, comme des fermetures de terminaux, des accidents ou, pire encore, de nouvelles mises en confinement de zones à risque.
Comme toujours, nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’état de la situation au fur et à mesure que nous parviennent des informations du milieu.