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Le Ever Given bloqué de nouveau, cette fois-ci par le gouvernement égyptien

Nouveau rebondissement dans l’affaire du M/V Ever Given. Après plusieurs jours de blocage du canal de Suez, le navire a pu reprendre sa route vers sa destination initialement prévue. C’était sans compter sur le gouvernement égyptien qui en a décidé autrement. (Source image en tête : © BOSKALYS)


L’Égypte l’a Amer

Nous l’avions évoqué dans une actualité précédente, le blocage du canal de Suez par le M/V Ever Given n’a pas été sans conséquences pour la compagnie Evergreen. En effet, les retards qu’a entraîné l’incident sur la supply chain ont eu un impact financier de plusieurs centaines de millions d’euros, et nombreux sont ceux qui souhaitent qu’Evergreen rende des comptes, à commencer par l’Égypte elle-même.
Il est à rappeler que le canal de Suez voit passer à lui seul 10% du trafic mondial et son blocage, et la congestion portuaire qu’elle a entraîné, sans compter les détours par le cap de Bonne Espérance, a provoqué un chamboulement de la supply chain d’une ampleur rarement atteinte. Pour couronner le tout, cet incident a lieu en pleine crise sanitaire, alors que l’Europe peine à retrouver ses flux de transport à cause des pénuries de containers. Sans compter le manque de cohésion et de synergie des pays européens qui crée une sorte de flou artistique pour de nombreux acteurs du transport, qui ne savent plus sur quel pied danser pour honorer leurs contrats.
Chaque jour de blocage aurait entraîné des pertes globales estimées entre 6 à 10 milliards de dollars selon l’assureur Allianz. Pour le gouvernement égyptien, en charge du canal de Suez, ce blocage lui aurait fait perdre entre 12 et 15 millions de dollars par jour, en plus des moyens mis en œuvre pour renflouer le navire.
L’Égypte, déjà fragilisée par la crise sanitaire qui a mis à terre le secteur touristique (représentant à lui seul quasiment 12% du PIB du pays), n’a pas voulu en rester là. Elle a donc attendu que le navire arrive sur le lac Amer pour le saisir et négocier avec l’armateur Evergreen des dédommagements qui s’élèveraient, aux dernières nouvelles, à 900 millions de dollars.


Des négociations en cours et le début des ennuis pour Evergreen ?

Le gouvernement égyptien a bloqué le navire jusqu’à nouvel ordre afin de faire pression sur l’armateur et obtenir ce qu’il réclame. Cette saisie ajoute forcément un énorme retard pour le navire qui, rappelons-le, fait partie de ce que l’on appelle les “Ultra” et peut donc contenir plus de 22 000 EVP (Rappel : 1 EVP = 1 x 20 pieds et 2 EVP = 1 x 40 pieds).
Les experts estiment que la chaîne d’approvisionnement mettra environ un an pour se remettre de la crise sanitaire et le blocage du canal de Suez n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu.
Si l'Égypte réclame des dommages et intérêts à Evergreen, elle n’est pas la seule ! Bon nombre d’entreprises (chargeurs, compagnies maritimes,…) vont donner du grain à moudre à leurs compagnies d’assurance afin d’obtenir des dédommagements de la part de l’armateur en cause. Il ne faut pas oublier que la congestion portuaire, qui aura duré presque plus d’une semaine, a entraîné des surcoûts pour les armateurs concurrents qui se sont soit retrouvés piégés à attendre pour traverser le canal, soit se sont déroutés pour effectuer le grand tour par l’Afrique du Sud.
Les compagnies vont donc sans nul doute réclamer à leur concurrent des comptes et les transitaires feront, sans surprise, la même chose de leur côté pour faire valoir les droits de leurs clients, en attente de leur marchandise depuis des semaines maintenant et dans un contexte qui persiste à être difficile. N’oublions pas que les transitaires sont actuellement en conflit avec les armateurs sur de nombreux sujets dont les nombreux surcoûts imposés de force durant la première vague du virus et le sentiment de racket de la part des armateurs qu’ils disent subir (cf interview de M. Jean-Louis le Yondre du Syndicat des Transitaires du Havre paru dans Paris Normandie le 9 avril 2021).

Inutile toutefois de voir en cela le début de la fin pour Evergreen, les avaries en mer sont monnaie courante et les assurances jouent, en général, le jeu. Cependant, ce blocage est pour ainsi dire très mal tombé, dans un contexte compliqué et au sein d’un pays dont la crise sanitaire a fait, et fait encore, beaucoup de dégâts. Attendons-nous donc à de nouveaux rebondissements, que nous ne manquerons pas de vous rapporter sur notre site.

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