Nous avons plusieurs fois évoqué le cas de la décarbonation des navires dans le domaine du transport maritime. De nombreuses solutions sont encore aujourd’hui à l’étude et en phase de tests, que ce soient des navires électriques, d’autres circulant au GNL ou encore, plus récemment, le retour de la voile dans une version 2.0 modernisée pour l’occasion. Les armateurs cherchent un moyen de préserver leurs volumes de fret tout en polluant le moins possible.

Un défi de taille qui voit chaque année son lot d’innovations et de projets sortir des flots afin de trouver rapidement des solutions viables et durables pour l’avenir, sachant que la deadline de pénurie de pétrole approche à grand pas.

Récemment, la quatrième génération de réacteurs nucléaires a attiré l'œil de plusieurs chercheurs qui vont mener une étude pour savoir si cette nouvelle génération pourrait être intégrée dans les porte-conteneurs. La société maritime Lloyd’s Register en partenariat avec Core Power a donc lancé cette étude afin de déterminer s’il est possible d’imaginer une flotte de navires zéro émission fonctionnant à l’énergie nucléaire.

Encore au stade d’étude, le nucléaire dans les navires n’est pas nouveau et est déjà exploité dans le domaine militaire, notamment avec les sous-marins, ou encore le porte-avions Charles de Gaulle entre autres. Toutefois, la question se pose quant à la gestion des déchets.

La nouvelle génération de réacteurs nucléaires recycle les combustibles nucléaires usagés, une aubaine donc pour l’industrie maritime qui ne pouvait envisager la question compte tenu des difficultés de traitement de ce type de déchets. Avec cette nouvelle génération, ce sont de nouvelles perspectives qui offrent à la décarbonation des différents moyens de transport. Mais cela ne signifie pas, aux dires de nombreux experts, qu’il s’agit d’une utilisation 100% énergie nucléaire pour les navires potentiellement concernés. Il faudra compter plutôt sur un mix énergétique garantissant une véritable durabilité selon Jean-Luc Alexandre, président fondateur de Naarea et qui travaille avec son équipe sur des solutions énergétiques décarbonées depuis 2005.

Celui-ci avance que cette nouvelle génération de réacteurs apporte une solution encore insuffisante par rapport à la demande, mais elle répond au fameux “trilemme” défini par le conseil mondial de l’énergie qui dit que les solutions proposées doivent être à la fois durables, équitables et sécurisées. Un défi de taille qui, si l’étude se révèle concluante, ne devrait aboutir que d’ici 10 à 15 ans avec la sortie des chantiers navals des tout premiers porte-conteneurs nucléaires.