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Le transport maritime peut-il être propre ?

L’écologie est un enjeu majeur pour demain. A l’heure où la communauté scientifique publie un rapport du GIEC des plus alarmiste, force est de constater que cet enjeu mondial peine à se faire entendre. Pourtant, de nombreuses actions sont en cours dans de nombreux secteurs d’activités.


Vers un fret maritime moins gourmand en carbone

Depuis quelques années déjà, la logistique tend à réduire l’indice carbone des produits importés, c’est à dire l’indice qui note l’émission de gaz à effet de serre d’un produit, de sa fabrication à sa livraison. Il est vrai que 90% de tout ce que nous achetons est acheminé par voie maritime puis ensuite par voie routière. Le transport maritime de marchandises représente 3% des émissions de gaz à effet de serre, contre 2% pour l’aérien. On pourrait aisément se dire que 3% ne représente rien, mais réduire ce taux permet de ralentir les effets du réchauffement climatique à long terme et, avec des volumes en constante croissance, décarboner la supply chain devient urgent.

Durant la dernière décennie, avec l'accroissement du débit et de l’accès à internet notamment, nous n'avons jamais autant consommé. Des géants de la vente en ligne comme Amazon ont fait grimper les échanges et on comptabilise une augmentation de 10% des émissions de gaz à effet de serre depuis une dizaine d'années. Une augmentation qui ne ralentit pas et qui impose des actions rapides et concrètes. L’Organisation Maritime Internationale s’était donnée un objectif de réduction de l’ordre de 50% avant que de très nombreux acteurs du commerce mondial aient souhaité, à l’approche de la COP 26, passer cet objectif à 100% de réduction d'ici horizon 2050.

Pour des raisons écologiques, mais également pour des raisons d’image de marque, les grands chargeurs veulent réduire leur empreinte carbone et cela passe aussi par leur logistique. En effet, une entreprise qui n’agit pas court le risque d’être boycottée par les consommateurs. Cette pression qu’ont les gros chargeurs est logiquement retranscrite aux compagnies maritimes, lesquelles doivent à leur tout mettre la main à la pâte afin de réduire la pollution de leurs navires. Des sociétés comme Ikea ou Apple ont ouvertement émis le souhait de réduire leur impact environnemental sur l’ensemble de leur supply chain, de quoi motiver les prestataires logistiques en contrat avec elles.


Mais, comment décarboner le transport maritime ?

Une neutralité carbone dans le maritime peut sembler utopique mais elle est réalisable, à condition d’y mettre le prix. D’après le journal “Les Echos”, il faudrait un investissement massif de 2 400 milliards d’Euros pour atteindre cet objectif. Cet investissement inclut toute la partie liée au développement, production et distribution d’un carburant neutre tel que le bio méthane ou des carburants de synthèse. Le reste concerne l’amélioration technologique de traitement des émissions de fumées ou encore les solutions informatiques pour optimiser les circuits logistiques et les rendre moins énergivores.

L’investissement est énorme et nécessite une véritable union et une volonté commune de tous les acteurs du marché. Utopie ?

De nombreux acteurs ont dores et déjà pris les devants comme la compagnie CMA CGM laquelle, avec le navire M/V Jacques Saadé, fonctionne désormais au GNL. De son côté, Maersk a passé commande d’une flotte fonctionnant au méthanol de synthèse, solution réduisant drastiquement les émanations de CO2. Toutefois, il faut nuancer ces démarches même si elles restent encourageantes. Avec un parc mondial estimé à plus de 100 000 navires marchands, il faudra un certain temps avant que toute la flotte soit renouvelée par des navires “propres”. Un objectif qui semble difficile à atteindre d’ici 2050…

Il ne faut toutefois pas voir le verre à moitié vide. Les choses avancent tout de même, notamment dans le secteur privé. Plusieurs sociétés innovantes développent des solutions alternatives aux énergies fossiles dans le transport maritime. Des porte-containers à voile sont en cours de développement. Également, la poussée vélique est envisagée pour tracter les navires grâce à des toiles inspirées de celles utilisées dans le kite surf, mais d’une surface de 1 000m². Certaines de ces solutions peuvent, si elles sont validées et budgétées, être positionnées sur des flottes existantes et ainsi améliorer l’indice carbone de nombreux navires. Des projets encore à l’étude mais qui restent très encourageants.

Signe encourageant, des études indiquent que plus de 70% des entreprises sont favorables au fait de payer un peu plus cher le fret, dans la limite toutefois de 2% du prix du conteneur moyen, afin de participer à l’effort de décarbonation du commerce mondial.

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