La politique ZÉRO-COVID ennemie du commerce mondial ?
Fermeture totale de villes, confinements stricts, le gouvernement chinois a décidé d’une politique très dure à l’encontre du virus, et cela même au détriment de sa population et de son économie.
Vers une récession économique en Chine ?
Les villes côtières chinoises sont durement touchées par l’épidémie. Le confinement hors normes ordonné par les autorités force de très nombreuses sociétés à baisser le rideau, mettant à mal l’économie locale. Lors des premières vagues d’épidémie, nous avions vu une Chine parmi les premiers confinés et qui avait par la suite subi un lent redémarrage provoqué par le réveil tardif des autres pays. Ici c’est l’inverse qui se produit : la Chine se confine alors que les autres pays maintiennent une activité revenue quasi à la normale.
Une stratégie de confinement qui étonne car le pays était sorti de la crise parmi les premiers. Un revirement soudain et imprévu qui a pris tout le monde de court, aussi bien sur place qu’à l’étranger.
A ce jour, il semble que les mesures drastiques soient en cours d’allègement. Mais un retour à la normale sur l’ensemble de la chaîne logistique sera forcément long. Certains experts estiment que nous ne verrons pas en 2022 de retour à une situation fluide.
En ce qui concerne les containers, les armateurs somment leurs clients ayant des marchandises périssables, à changer leurs ports de destination quand cela est possible pour éviter les pertes. D’après les dernières données, le temps de séjour dans des ports comme Shanghai est en hausse de plus de 75%. En sus des avertissements des armateurs, certains d’entre eux ont également décidé de refuser les marchandises qu’ils jugent fragiles. D’autres encore accordent des gestes commerciaux comme l’exonération de frais administratifs afin d’alléger les difficultés et surcoûts auxquels font face de nombreux chargeurs. Si les containers reefers s’accumulent et ne trouvent plus aucunes prises, les containers dry, eux, saturent les parcs car les entrepôts sont pleins et les camions ne circulent plus. Un véritable casse tête chinois, c’est le cas de le dire !
Il faut dire que les congestions sont spectaculaires. On estimait le 13 avril que près de 1826 porte conteneurs attendaient dans le monde. Et sur ce nombre, presque 30% sont situés en Chine.
De nombreuses usines annoncent qu’elles vont devoir arrêter de produire en mai. Une catastrophe pour l’approvisionnement de nombreux secteurs d’activité comme l’informatique, l’automobile et bien d’autres encore. Pour autant, les autorités chinoises entendent aider leur économie et mettent en place des procédures pour aider à la relancer une fois la vague de contamination endiguée. Voyant que la situation perdure et affaiblit aussi bien l’économie que la population elle même, les autorités ont établi des listes d’entreprises pouvant reprendre leur activité à Shanghai.
Quelles conséquences ailleurs dans le monde ?
Sur le plan mondial, si les taux de fret ont baissé de l’ordre de 50% dans certaines zones, le contexte actuel génère de la frilosité chez les chargeurs qui préfèrent ralentir leurs rotations de stocks ou leurs productions jugeant qu’ils auront moins de pertes ainsi. La conjoncture actuelle rend compliquée toute projection à court et moyen terme.
En effet, l’augmentation brutale du prix des matières premières et de l’énergie a mis un coup d’arrêt au regain de croissance post-covid.
C’est le cas du BTP où l’augmentation des matières contraint à stopper des chantiers et à ralentir ou à revoir à la baisse les autres. Pour certaines matières, les prix marché ont augmenté de 100% (plusieurs métaux tels que l’aluminium ou l’acier par exemple) et les matières qui ne sont pas en pénurie voient augmenter leurs coûts de production du fait de la hausse des coûts de l’énergie.
Le BTP n’est pas le seul secteur à être directement impacté. L’électronique est durement touchée : les cartes graphiques se vendent à prix d’or et au compte-gouttes, les constructeurs automobiles revoient à la baisse l’électronique embarquée de leurs véhicules quand d’autres annoncent avoir ralenti leur production créant des phénomènes de pénurie sur certains produits comme c’est le cas pour la très connue Playstation 5 de Sony.
La logistique, quant à elle, reste toujours durement impactée. La majorité du trafic mondial étant en lien avec les usines et les ports chinois, c’est un ralentissement des rotations qui se produit.
Un contexte très complexe qui rend difficile toute projection pour la plupart des secteurs d’activité. Il y a cependant fort à parier que la situation en Chine va se normaliser dans les jours qui viennent. Toutefois, il faut s’attendre, pour nos économies européennes, à un important creux de vague en décalé et dès le début de l’été, suivi, sauf événement majeur contraire, par un lent retour à de la fluidité d’approvisionnement au cours du second semestre 2022.