L'importance de l'emballage des marchandises
Il existe une idée reçue comme quoi pour qu’une marchandise soit bien protégée, il faut l’emballage le plus robuste possible. Or, cette idée est fausse car pour qu’un emballage soit réussi, il doit avant tout être adapté à la marchandise qu’il emballe, à son transport mais aussi à sa manipulation. Le but est que la marchandise arrive sans aucune avarie à son destinataire, et vous allez voir que l’emballage est quelque chose de très sérieux et plus technique que vous ne le pensez.
Quelle est l’utilité de l’emballage en lui-même ?
Un emballage dépend en vérité de nombreux paramètres qu’il est nécessaire de ne pas négliger. Tout d’abord il faut bien prendre en compte la nature de la marchandise ainsi que son mode de transport. Dans le cadre d’un transport maritime, il faut que l’emballage protège le bien de tout risque de pression, de corrosion ou de choc. De ce fait, selon la nature, il faut que l’emballage dispose des protections et isolements adéquats pour résister au périple qui attend votre marchandise.
De même, la nature de la marchandise, outre la résistance de ses composants face à certaines conditions, la globalité de celle-ci est à prendre en compte pour sa sécurité. Pour faire simple, en plus d’un emballage adapté, celui-ci peut par exemple être discret si le bien à l'intérieur est d’une forte valeur et donc assujettie facilement au vol (Hifi, Informatique, Bijoux etc…). Il est donc raisonnable de choisir un emballage discret plutôt qu’un emballage sur lequel est mentionné en gras et en gros avec des lettres capitales que l’on transporte la dernière innovation de téléphones mobiles d’une grande marque.
Outre les raisons évoquées plus haut, un bon emballage est aussi très utile pour des raisons d’assurance. Les assureurs connaissent bien les problèmes liés à l’emballage. De fait, pour que leurs garanties puissent s’appliquer, il faut que votre emballage soit conforme à leurs attentes pour faire valoir justement ces garanties en cas de litige. Il faut savoir que, théoriquement, le transporteur ne peut être poursuivi si un problème survient durant le transport et que l’avarie sur votre bien résulte d’un défaut d’emballage qui n’a pas assuré son intégrité comme cela aurait dû être le cas.
Une assurance transport n’assure les dommages que s’ils résultent d’un fait aléatoire durant le trajet, mais il ne couvre pas les dommages s’ils sont dues à un mauvais emballage. Par exemple, si votre palette est correctement emballée, mais que le camion se renverse, vous pouvez sans difficultées obtenir réparation. En revanche, si votre palette tombe dès le 1er virage car elle a mal été emballée (trop haute, mal filmée etc…), et en indiquant bien que le conducteur roulait prudemment, à ce moment là l’assurance transport ne pourra s’appliquer.
Petite subtilité toutefois : il existe depuis peu des clauses emballage pour être indemnisé même en cas de défaut d’emballage. Bien entendu cela augmente votre taux d’assurance mais elle permet une certaine tranquillité car bien souvent, ce n’est pas vous qui procédez à l’emballage mais un professionnel qui fournit l’emballage, ou le fait lui même dans son entrepôt. En revanche, la compagnie d’assurance, avec cette clause, peut, si elle le souhaite, se retourner vers votre emballeur et lui demander des comptes.
Quelles sont les règles pour un emballage?
Le Syndicat des Emballeurs Industriels a élaboré à travers son bureau technique un cahier des charges spécifique. La marque SEI a été créée et déposée. Lorsqu’elle apparaît sur un emballage, cela garantit que l’emballage a été réalisé selon les règles de l’art.
Il faut par ailleurs, comme nous le disions précédemment, prendre en compte tous les paramètres pour bien emballer votre marchandise, à savoir :
- Le mode de transport
- La nature à savoir :
- Fragilité physico-chimique
- Fragilité mécanique
- Matières
- Revêtement
- Points d’appui et de non-appui
- Poids
- Centre de gravité
- La destination finale
- Les ruptures de charges prévues (et donc la manutention qui va avec)
- Les conditions de stockage avant le départ et à l’arrivée
- La durée du stockage au départ ainsi qu’à l’arrivée
- Les conditions de réceptions à destination
- Les conditions des garanties SEI
Enfin, chaque emballage dispose d’une catégorie et d’un indice de protection. Il en existe 6 (les numéros 5 et 6 ne sont pas inclus pour éviter la confusion avec d’anciennes catégories suite à l’ajout des produits dangereux) avec un indice de protection notifié par les lettres allant de “A” à “D”.
Quelles sont les catégories de matériels?
Catégorie 1 : berceaux et socles
Cette catégorie désigne les marchandises qu’on appelle “hors gabarit” et qui ne présentent pas de fragilité physique, chimique ou mécanique et donc de fait, n’ont pas besoin d’une mise sous caisse par exemple.
Catégorie 2 : fardeaux / palettes / châssis
Catégorie concernant une grande partie des marchandises circulant en général, elle ne nécessite pas une mise en caisse obligatoire. Toutefois, pour les fardeaux, selon la nature des produits il faut les regrouper, on parle ici plus particulièrement des longueurs dont les opérations de manutentions classiques ne risquent pas de les endommager.
Catégorie 3 : Caisses à claire-voie
Cette catégorie concerne les matériels chaudronnés dont la forme ou la fragilité ne permettent pas une mise en berceau ou en fardeau
Catégorie 4 : caisse pleine
Dans cette catégorie, la marchandise concernée nécessite une protection physico-chimique ou mécanique, on peut citer par exemple du matériel d’usine, des moteurs, ou encore des pièces sensibles à la corrosion ou aux poussières.
Cet emballage permet le stockage et le transport avec un gerbage dynamique et statique et prévient des vols de par sa discrétion.
Catégorie 7 : Tourets de câbles
Ici on ne parle que des câbles et rien d’autre, il n’y a pas de protection à prévoir si ce n’est d’éventuels embouts posés par le fournisseur.
Catégorie 8 : Produits dangereux
Comme son nom l’indique, cette catégorie concerne les marchandises jugées dangereuses. Leur emballage doit être approprié pour assurer une sécurité optimale durant son transport, aussi bien pour la marchandise elle même que pour ce qui l’entoure.
Quels sont les indices de protection?
Il en existe 4, allant de la lettre “A” à la lettre “D”
Indice a : Protection de contact sur le matériel (ici on va par exemple pulvériser sur le matériel une protection antirouille, de graisse ou tout autre élément assurant une couche protectrice au matériel emballé par rapport à sa fragilité et son transport à venir.
Indice b : Ici il s’agit de la pose d’un matériau anti-poussière ou anti-ruissellement sur le bien comme une housse étirable ou rétractable.
Indice c : Cet indice concerne la pose d’un matériau barrière étanche comme une toile thermo-soudable ou une housse polyéthylène qui enveloppe l'entièreté du produit. Avec ce procédé, on tente en général d’assurer une absence quasi totale d’humidité et la réalisation d’un vide approchant les 100% après aspiration (bien que ce chiffre ne puisse pas être atteint).
Indice d : La pose d’amortisseurs entre les parois internes de la caisse et la caisse. On utilise dans ce cas de la mousse, des coussins, des tendeurs etc…
Comment lire un emballage ?
Maintenant que nous avons énuméré les catégories et les indices, il faut désormais pouvoir interpréter les codifications d’un emballage.
On va prendre un exemple simple : si votre emballage est définit de manière suivante 4-a alors cela signifie que vous avez une caisse pleine et le matériel à l'intérieur a fait l’objet d’une pulvérisation de produit protecteur.
Si par contre votre matériel est défini comme 4-d-3-c alors il s’agit d’une caisse pleine avec à l’intérieur des amortisseurs, protégeant une caisse à claire-voie dont le matériel contenu est protégé par une housse étanche.
La lecture se faisant de gauche à droite, cela signifie qu’on part de l’extérieur de l’emballage, vers l’intérieur de celui-ci. Avec ce système on peut aisément deviner comment est emballé une marchandise sans avoir besoin de l’ouvrir pour le savoir.
Cette codification est bien sûr à créer avant la réalisation de l’emballage lui même. Une fois le code défini, l’emballeur devra créer l’emballage en prenant tous les paramètres pour son intégrité, que ce soit le calage, le stockage, le transport ou encore la manutention et les dimensions. Ceci va varier selon un grand nombre d’autres paramètres comme le type de transport : si c’est par voie aérienne alors on doit utiliser un matériel plus léger car la facturation se fait au poids ; si la caisse représente volume important, elle devra avoir obligatoirement un certain nombre d’aérateurs en plus d’un fond élevé d’1cm par rapport aux planches pour garantir une bonne circulation de l’air.
Que se passe-t-il une fois l’emballage terminé?
Dès que l’emballage a été conçu et posé, il faut désormais respecter 3 grandes étapes à savoir :
La mise en place d’indicateurs à l’intérieur pour renseigner le propriétaire si le matériel a subit un choc, un renversement ou s’il a subit de l’humidité.
Le traitement NIMP15 si l’emballage est constitué de bois naturel.
Le marquage obligatoire conforme à la norme ISO 780 et posé sur au moins 2 côtés adjacents. Le marquage varie en fonction de la manutention, de l’expédition mais aussi des précautions et avertissements d’usage. D’autres marquages peuvent être posés à la demande de l'expéditeur pour renseigner davantage les opérateurs qui vont tourner autour du matériel durant son transport et, ce, dans le but de couvrir un maximum le risque d’avaries : plus il y a de renseignements, plus on se couvre en cas de litige si une des parties officiant sur le trajet fait un loupé.
Sources :
- Hellopro
- L’antenne - Le fret maritime pratique 2020-2021