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Connaissez-vous le port de Los Angeles?

Il fait les choux gras de la presse depuis plusieurs semaines du fait de sa congestion portuaire inédite. Le port de Los Angeles est un port très particulier pour les États Unis et pour cause : il représente la plus grosse part du fret conteneur entrant et sortant du pays. Excellente raison de nous attarder un peu plus longuement sur ce port de la côte ouest américaine.


Un port historique

Si le continent américain a commencé à être peuplé par les Européens depuis la côte est, c’est en 1542 que Juan Rodriguez Cabrillo a découvert ce qu’on appelait “la baie des fumées” qui n’est autre aujourd’hui que la baie de San Pedro, endroit où est situé le port actuel de L.A. et la ville de Long Beach.

Cet endroit n’était pas encore un port, il servait surtout de lieu de mouillage des rares navires circulant sur cette zone. L’ouest américain ne suscitait pas encore grand intérêt et la traversée du continent d’est en ouest était très périlleuse (de nombreux voyageurs ont péri sur le trajet).

Il faudra attendre le 19è siècle et la ruée vers l’or, pour que cette zone gagne en intérêt pour les Américains. Phinéas Banning, considéré comme l’un des fondateurs de la ville de Los Angeles, est celui par qui les premiers travaux sur la baie ont débuté, pour devenir le port que l’on connaît aujourd’hui. Il reste à ce jour un nom très attaché à L.A. mais aussi aux infrastructures logistiques de la zone, lesquelles ont permis de désenclaver considérablement cette région par rapport au reste du pays.

Le port de Los Angeles a toujours été prisé pour les flux de marchandises. Dès le début du 20ème siècle l’endroit était très sollicité pour les échanges commerciaux. Avec de tels volumes, le port est en constante évolution, passant à la standardisation des containers dans le sillage de Malcom Mc Lean, puis à l’automatisation totale de terminaux. C’est à ce jour l’un des port les plus actifs en dehors du continent asiatique, représentant près de 50% des importations américaines, entre L.A. et les terminaux de Long Beach.


Une zone stratégique importante pour la supply chain américaine

A l’origine petite baie, le port est aujourd’hui un territoire immense dédié à l’import/export. Fort de ses 3 000 hectares et quelques 69 km de front de mer, le port s'étend sur pas moins de 5 comtés de la ville qui, rappelons-le, est également très étendue.

Le port est très bien placé, proche des côtes ouest d’Amérique du Sud d’une part, mais aussi et surtout face au continent asiatique. Les échanges sont rapides entre les deux continents contrairement à l’Europe qui voit ses imports asiatiques transiter par des goulets d’étranglements (voir nos articles sur ce sujet), avec les risques d’avaries que l’on connaît désormais très bien depuis le M/V Ever Given.

On associe souvent le port de L.A. à celui de Long Beach, notamment en termes de statistiques, car ces 2 ports sont voisins et situés sur la même cité. D’ailleurs, en termes de statistiques, les deux ports sont souvent l’un derrière l’autre, se partageant les volumes de marchandises qui transitent par la cité des anges.

En 2019, Los Angeles est le 16ème port mondial en termes de conteneurs, avec Long Beach en 21ème place. Devant eux on retrouve essentiellement des ports asiatiques, mais également Rotterdam (10ème), Anvers (13ème) et Hambourg (17ème) pour citer les ports européens.

Le port est en constante évolution pour faire face à la demande toujours croissante du pays. En 2015, le port s’est lancé dans l’automatisation d’une partie de ses terminaux.


Une évolution constante mais qui fâche

Lorsque le port de Los Angeles décide de se lancer dans l’aventure de l’automatisation comme ses camarades asiatiques (et européens), il a fallu prendre en considération l’aspect social. Il faut dire que le port de Los Angeles, ce sont quelques 500 000 emplois, un chiffre à ne pas sous-estimer, surtout quand on décide de remplacer certains travailleurs par des robots.

Cette mise en place ne s’est pas totalement faite dans la paix et l’harmonie et c’est un conflit social sans précédent qui a frappé le port à ce moment-là. Pourtant, le souhait de l’automatisation semble on ne peut plus logique : il faut gérer les flux croissants de marchandises et l’automatisation permet de compenser pour partie cela. Bien entendu, l’automatisation du terminal a supprimé des emplois et les conflits sociaux, en toute bonne logique, sont apparus.

Ce n’est pas la première fois que le port est soumis à un conflit social. Les syndicats de dockers sont très puissants aux États-Unis et l’histoire des luttes sur les docks remplissent des tomes de littérature.

Malgré les désaccords, le port a tout de même automatisé une partie de ses terminaux et continue à ce jour à étendre cette automatisation sur ses autres infrastructures portuaires avec pour but, d’ici 2030, de réduire son indice carbone au maximum, ce qui passe par des modifications structurelles conséquentes comme l'utilisation accrue des machines.

Le port de Los Angeles ainsi que ceux de Long Beach sont un point névralgique important de la supply chain américaine. Face à la concurrence mais aussi face à une demande toujours plus importante, le port doit s’adapter malgré les conflits sociaux, et il doit aussi tenir compte des normes écologiques en développement afin de créer une infrastructure la plus éco-responsable possible, malgré une augmentation permanente des volumes : un sacré challenge !

Au moment où nous écrivons ces lignes, le port est soumis à rude épreuve à cause de la crise sanitaire et du dérèglement de la chaîne logistique. Ce ne sont pas moins de 60 navires environ qui mouillent continuellement au large du port, attendant d’être pris en charge par les terminaux. On compte plusieurs jours de retard et l’administration Biden demande aux ports de travailler jour et nuit pour désengorger la baie de San Pedro qui fait face à une congestion jusque là sans précédent (bien au-delà de celles générées par les conflits sociaux de 2012 et 2015). Pour accentuer le mouvement, le port facture près de 100$ par jour les containers qui ne sont pas retirés à temps, histoire d'accélérer la rotation des boites trop nombreuses sur les terminaux, en engorgeant l'activité portuaire. Un événement qui permet aussi de montrer que les infrastructures portuaires, malgré la containerisation, malgré tous les efforts d’automatisation et de modernisation, présentent toujours des difficultés d’adaptation lors des variations subites des flux.

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