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2nde partie : Les déchets nucléaires

Nous l’avons évoqué dans notre première partie, l’industrie du nucléaire a connu divers pics d’activités ponctuées de pics de déclin au cours de sa récente histoire. Cependant, il reste, quel que soit le contexte, c’est-à-dire que le monde se dénucléarise dans certaines zones ou qu’il construise des centrales dans d’autres, il y aura toujours une génération de reliquats radioactifs qui restent dangereux et qu’il faut être en capacité de gérer.

La gestion des déchets nucléaires est une réelle problématique. Le développement de la pensée écologique au cours de cette dernière décennie a mis en lumière le danger des éléments radioactifs dans la nature et la nécessité absolue de les traiter en toute sécurité. Il faut dire que le nucléaire a toujours été le fer de lance d’industries comme Hollywood pour le faire passer pour le grand méchant absolu. Tantôt le nucléaire détruit le monde et les machines le contrôlent ; tantôt il génère des monstres mutants assoiffés de sang quand ce ne sont pas des zombies qui prolifèrent ; ou encore dans des registres plus comiques mais cinglants, apparaissent des poissons à 3 yeux comme dans les Simpsons. Il y a une diabolisation évidente du nucléaire depuis l'accident de Tchernobyl. Si durant les années 90 et le début des années 2000 ce sont surtout les médias de la pop culture qui s’en sont servi comme base scénaristique pour des dystopies, le début des années 2010 a engendré une réelle prise de conscience : exit les scénarios catastrophe et surréalistes, on parle de chose moins drôles ou exotiques comme la destruction de la nature ou l’augmentation des maladies chez l’homme.

Les déchets nucléaires sont donc un sujet important et souvent débattu. Mais c’est aussi un sujet teinté de craintes et de fausses vérités qui nécessite de s’y attarder et c’est le but de cette approche, à savoir : que sont ces déchets, comment se transportent-ils et comment sont-ils traités ensuite ?

Quels sont ces fameux déchets ?

Quand on parle de déchets nucléaires c’est une définition relativement vague. Il existe plusieurs types de déchets, tous n’ayant pas le même niveau de dangerosité ou le même traitement.

Pour cela, il faut d’abord classer ces produits radioactifs. Un système de classification a été créé, non pas en fonction du traitement du déchet mais sur deux autres critères bien plus importants à savoir :

  • Le niveau de radioactivité qui va correspondre à la dangerosité du produit ;
  • La durée de l’activité radioactive du produit et donc sa nuisance environnementale

En ce qui concerne le niveau de radioactivité, nous avons 4 grandes familles :

  • Très faible radioactivité (TFA) : moins de 100 becquerels par gramme ;
  • Faible activité (FA) : entre quelques dizaines de grammes et quelques centaines de milliers de becquerels par gramme ;
  • Moyenne activité (MA) : entre un million et un milliard de becquerels par gramme ;
  • Haute activité (HA) : au-delà de un milliard de becquerels par gramme.

En ce qui concerne la période radioactive, on décompose cela en 3 catégories :

  • Vie très courte : moins de 100 jours ;
  • Vie courte : moins de 31 ans (le confinement imposé fait que le déchet concerné deviendra inerte à 100% sur une échelle de plusieurs siècles “seulement”) ;
  • Vie longue : + de 31 ans (nous sommes sur un confinement imposé pour que les déchets deviennent inertes sur une échelle de temps géologique).

Sans entrer dans des détails trop techniques, les déchets nucléaires ont une dangerosité souvent longues, se situant sur plusieurs années pour les plus faibles durées de vie mais dépassant facilement les 240 000 ans lorsque l’on parle du plutonium par exemple. De fait, la dangerosité pour la nature et les êtres vivants est réelle car même quelques années peuvent suffire à générer des dégâts environnementaux. Attention toutefois, nous parlons ici de radioactivités dites artificielle (celle découverte par Irène et Frédéric Joliot Curie, fille et gendre de Pierre et Marie Curie, qui auront eux aussi droit à un prix Nobel).

Source : Wikipedia

Que deviennent ces déchets?

Tous les déchets ne sont donc pas traités de la même manière. Nous pouvons toutefois séparer les traitements en 3 catégories :

  • Les déchets à haute activité et vie longue (HA) qui sont souvent issus des centrales nucléaires. Leur radioactivité peut durer des centaines de milliers d’années, voire même des millions d'années (même si passé ce temps le taux de radiation diminue). Dans ce cas, nous parlerons de confinement géologique, un enfouissement profond dans un environnement sécurisé empêchant toute fuite d’éléments. Il s’agit ici concrètement de stockage à 500m de profondeur minimum.
  • Les déchets dont la durée de radioactivité ne dépasse pas les 300 ans. Nous parlons d’échelle de temps historique et non plus géologique comme précédemment. Ce sont souvent des déchets tels que des outils, des combinaisons, des gants, qui ont été utilisés sur des sites radioactifs. Il s’agira ici d’un enfouissement sur une profondeur de 15 à 500 m selon le taux d’activité (ici on parle de déchets de type FA et MA).
  • Enfin les déchets à très faible activité (TFA) qui concernent des produits ayant eu de faibles contacts avec de la radioactivité et dont la radioactivité est très faible. Ceux-ci sont stockés en surface dans des zones dédiées et sécurisées.

Bien que de nombreux déchets soient générés depuis des années, leur gestion est encore balbutiante, d’où l’inquiétude des populations. En France, par exemple, l’enfouissement géologique ne sera en service qu’en 2025, bien que des lois encadrantes soient votées, tous les déchets n’ont pas de mode de gestion défini. Malgré cela des procédures sont appliquées scrupuleusement au niveau des déclarations de ces déchets.

Il existe plusieurs sites en France de traitement de ces déchets. Le site de la Hague, celui de Marcoule, celui de Soulaines, celui de Morvilliers et celui de Malvési. Il existe d’autres sites dits “transitoires” qui sont des centres d’accueil de déchets en attente ou en cours de traitement pour leur stockage définitif dans les lieux cités. Tous ces processus sont régis et contrôlés par l’ANDRA, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

L’enfouissement, par ailleurs, bien que mis en place d’ores et déjà dans plusieurs zones dans le monde, est soumis à débat car même si la méthode est jugée correcte, il y a des arguments allant à l’encontre cette méthode qui font débat. Il y a donc des chances pour que l’enfouissement des déchets dits HA soit soumis à de nouvelles règles, plus strictes, pour éviter que les générations futures puissent être contaminées par ces déchets, que ce soit par suite à des mouvements géologiques, par un abandon des lieux ou même par un changement de civilisation entraînant de nouveaux langages… le challenge réside dans le moyen terme à développer pour prévenir du danger des gens qui seraient étrangers aux langues que nous parlons actuellement sur terre.

© Andra / Afis Science

Comment sont acheminés et stockés ces déchets?

Tous les déchets que nous avons énumérés partent donc d’un point A et doivent rejoindre un point B voire un point C. De plus, ces marchandises doivent être stockées dans des récipients sécurisés, ne permettant aucune fuite, donc d’une parfaite étanchéité en tous points.

Ainsi, le transport de matière radioactive est assorti d’un protocole très strict. Il faut que, dans tout le processus du transport, aucune fuite ne puisse survenir et présenter un danger pour la population et l’environnement.

Les transports s’opèrent de la même manière que des marchandises classiques, mais en suivant un protocole totalement différent.

Tout d’abord, les déchets en eux-mêmes sont traités avant leur transport. Ils sont vitrifiés, notamment pour limiter leur impact, avant d’être mis dans des récipients adaptés et contrôlés.

Ce thème du transport des marchandises radioactives et de leurs emballages sera abordé au cours d’une troisième partie à suivre.

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