Taux de fret maritime, une année moins morose que prévue ?
Si durant la pandémie les taux de fret ont fait des envolées spectaculaires, les années qui ont suivi ont tendu vers un retour à la normale avec des oscillations plus ou moins importantes selon les périodes. Fin 2023, les taux de fret se situaient entre 1 100 et 1 400 dollars. Depuis c’est la remontada avec des taux avoisinant les 7 500 dollars le 40 pieds. Explications.
Pourquoi une telle hausse ?
Le contexte géopolitique a énormément pesé dans la balance. L’amplification du conflit israélo-palestinien couplé aux attaques houties en mer Rouge (en représailles contre Israël) ont contraint les navires de commerce à éviter Suez, créant ainsi un rallongement des délais de livraison de près de 15 jours avec un passage forcé par le canal de Bonne Espérance.
Cette mise à l’écart de Suez, malgré les interventions de forces internationales, a engendré une forte hausse des taux, mais de l’autre côté du monde, c’est un autre canal qui est en difficulté : l’assèchement de Panama impose de nouvelles règles qui empêchent les navires de passer avec un chargement trop lourd sous peine d’avarie car le niveau est au plus bas.
En parallèle, le célèbre phénomène climatique El Niño rajoute une couche au mille-feuilles de problèmes que subit le canal de Panama en ce moment. Des difficultés qui, elles aussi, influent sur l’augmentation des taux de fret car les autorités ont bridé le transport jusqu’à nouvel ordre.
La chaîne d’approvisionnement mondiale est à nouveau déréglée et les taux de fret s’en ressentent. Dans le même temps, les ports s’engorgent à nouveau.
Une année au taux de fret plus hauts que prévus
Les experts anticipaient que 2024 serait une année plus sereine au niveau des taux de fret. Mais la conjugaison de ces multiples facteurs inattendus a prouvé le contraire.
Les stocks se reconstituent lentement, les rotations sont plus faibles, les chargeurs accumulent les retards tandis que les armateurs retrouvent des couleurs avec une rentabilité beaucoup plus élevée que prévu.
Certains chargeurs anticipent déjà une fin d’année chaotique et lancent d’ores et déjà leurs expéditions pour la période de Noël par crainte des délais à rallonge et des congestions monstrueuses dans les principaux ports. En effet, l’heure n’est pas à l’optimisme et il va sans dire que la fin d’année risque de ne pas être tendre avec les taux de fret et les délais de réassort.
La clé de la réussite pour les chargeurs face à cette nouvelle crise sera donc l’anticipation, car il y a fort à parier que les périodes de haute saison seront encore plus génératrices de retards de livraison et seuls les plus prévoyants pourront se vanter d’avoir leur stock garni en fin d’année.
Une tendance qui risque donc de perdurer au-delà de l’été et que nous ne manqueront pas de suivre avec attention pour vous tenir informés dans nos colonnes d’actualités.