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Quand congestion portuaire et énergie ne font pas bon ménage

Vous le savez si vous lisez régulièrement nos actualités, les taux de fret se sont hissés dans des hauteurs encore jamais égalées à ce jour. La faute à la crise sanitaire couplée aux stratégies logistiques des armateurs face à des reprises d’activités asynchrones partout dans le monde.

Si la crise sanitaire commence peu à peu à se résorber, les pénuries de containers persistent encore, l’offre et la demande peinent à retrouver leur équilibre. Les multiples fermetures de pays entiers et, donc, de leurs industries ont entraîné un retard sans précédent dans l’offre face à une demande boostée par les confinements et la reprise industrielle.

La reprise économique mondiale dans un contexte logistique complètement chamboulé a généré des remous inédits aux conséquences parfois inattendues. Si les chargeurs cherchent des coupables parmi les armateurs et les terminaux, d’autres problèmes majeurs pointent à l’horizon.

Les mauvaises rotations des stocks associées aux pics de consommation partout dans le monde entraînent des congestions portuaires inédites dans la majeure partie des grands ports maritimes mondiaux.

Pour couronner le tout, c’est une autre crise qui pointe le bout de son nez, en parallèle des congestions portuaires : une pénurie énergétique !


Vers une possible flambée de l’énergie ?

La reprise de la consommation après des semaines d’arrêt n’a pas été accueillie comme une bonne nouvelle. Si, sur le papier, des bons de commandes bien garnis ont tendance à rendre heureuses les entreprises, il y a pourtant un énorme retard à rattraper, obligeant les usines à tourner à plein régime, voire au-delà des cadences habituelles.

Qui dit forte production, dit forte demande en énergie et c’est là que le bât blesse. Des usines chinoises sont actuellement à l’arrêt ou au ralenti pour cause de coupures d’énergie liées à des pénuries de charbon. Grande consommatrice de charbon, malgré les injonctions des ONG pour réduire ce type d’énergie, la Chine fait face à un mille-feuilles de problèmes qui entraîne des taux à la hausse et des coupures régulières de courant.

Les raisons en effet sont multiples : à la fois liées à des facteurs conjoncturels (hausse du prix du gaz, forte demande, conflit géopolitique avec l’Australie, etc.) mais aussi à des facteurs météorologiques avec de fortes inondations qui ont endommagé, entre autres, une soixantaine d’usines de charbon dans le Shanxi, et entraîné un manque de 30 à 40 millions de tonnes de charbon sur le 4ème trimestre 2021.

Cette dramatique pénurie de charbon, alors que la Chine avait relancé toutes ses centrales au maximum de leur capacité pour, justement, produire assez vite et répondre à la demande, entraîne des fermetures et des ralentissements. On parle même d’usines qui fonctionnent partiellement avec des générateurs diesel.

On pourrait dire alors qu’il suffit de taper dans les stocks. Malheureusement, avec l’énorme demande énergétique, le stock est au plus bas, passant de 13 jours à 4 jours seulement. Idem pour l’Inde où la Chine aurait pu se fournir : elle a ses stocks à plat alors qu’elle est, après la Chine, le second plus gros consommateur et producteur de charbon ! La Chine, avec ses 135 centrales thermiques au charbon, est asphyxiée et peine à faire fonctionner ses lignes de production.


Quid de notre dépendance au Made In China et aux énergies fossiles ?

Sur le très court terme, si la Chine peine à produire, cela va forcément entraîner une nouvelle vague de retards sur la chaîne logistique et donc le lot habituel de congestions portuaires comme nous l’avons relaté précédemment dans nos actualités.

Cela signifie donc qu’en arrivant, comme ici, sur la période d’hyper consumérisme qu’est le Black Friday suivi des fêtes de fin d’année, c’est une estimation de 20 à 25% de produits qui pourraient manquer à l’appel dans les rayons en fin d’année, de quoi démontrer une fois de plus notre addiction au Made in China.

Ajoutée à cette dépendance à une seule région du monde, que peut-il se passer lorsque la pénurie d’énergie fossile nous touchera également ? Quel sera le point de bascule qui engendrera un handicap pour notre économie ?

L’ère du pétrole touche à sa fin. Si l’on a pu voir beaucoup de nation s’enrichir avec cette source d’énergie depuis un peu plus ‘un demi-siècle, force est de constater que la pénurie approche et bon nombre de ces pays ou sociétés qui ont établi leur fortune sur le pétrole anticipent déjà l’après pétrole.

Ce fameux point de rupture est prévu, selon les études, pour se situer entre 2030 et 2040… un saut de puce sur l’échelle du temps et qui pousse dès maintenant de nombreux pays et sociétés à entreprendre des recherches pour pallier le moment où la source sera tarie.

Au niveau géopolitique, l’idée maitresse est la même que celle initiée par l’arrivée de l’or noir sur l’économie mondiale : celui qui détient l’énergie, détient le pouvoir.

La fin de l’ère pétrolière est aussi bien une aubaine qu’une catastrophe selon de quel point de vue on se place. Des pays qui ne disposaient pas de sources pétrolières y voient une aubaine de se démarquer par le biais d’une nouvelle source d’énergie produite sur place. D’autres y voient la fin d’une prospérité de leur économie s’ils ne trouvent aucune alternative.

Toute notre économie mondiale est basée sur l’énergie, qui n’est autre, rappelons-le, que la force nécessaire qui permet de passer d’un état à un autre. Nos usines, nos maisons, nos outils, la très grande majorité de notre vie s’articule autour des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz, atome).


Quelles alternatives?

La R&D a débuté depuis déjà quelque temps, aussi bien dans le privé que dans le public. la course à celui qui trouvera moyen de fournir l’énergie de demain est déjà lancée. L’énergie reste un outil de pouvoir politique tout comme l’était le grain dans l’antiquité. Actuellement, des pays tels que la Russie établissent une politique gazière poussée pour dominer les autres, à commencer par l’UE elle-même qui dépend pleinement de Moscou pour ses approvisionnements en gaz.

La Russie conseille d’ailleurs, sur un ton passif / agressif qui la caractérise assez bien, de ne pas voir le pays comme un adversaire mais comme un allié. Une sorte de mise en garde qui pousse l’UE à se tempérer sur le plan géopolitique, notamment dans des cas comme l’annexion de la Crimée de 2014. Le géant du Nord affirme que si l’UE se montre plus docile, les prix pourraient être plus avantageux. Bruxelles tente de diminuer sa dépendance d’avec les Russes, dont le gaz arrive directement par l’Allemagne avec son gazoduc.

La politique gazière russe est, selon les experts, à double tranchant. Si Vladimir Poutine souhaite jouer la carte du maître chanteur énergétique, cela pousse l’UE à chercher, sur le moyen terme, une solution alternative qui la rendrait moins dépendante. La Russie pèse fort dans la balance, mais à trop en faire, toujours selon des experts, elle risque de se faire prendre à son propre jeu, lassant ses “clients” qui vont juger urgent de se tourner vers d’autres solutions.

Nombreux sont les pays à s’être lancés dans la course à la création d’énergie et à l'indépendance énergétique. Une auto-suffisance permet beaucoup de choses, surtout sur le plan géopolitique. La France bénéficie en ce sens d’un parc de centrales nucléaires qui lui permet une relative indépendance par rapport aux puissances productrices d’énergie fossile. Depuis quelques années ont été lancées des recherches sur ce qu’on appelle les SNR (Small Nuclear Reactors), petites unités de production d’énergie nucléaire. Le but est de pouvoir développer des alternatives permettant de créer cette transition en douceur quand le point de bascule sera atteint.

Partout on voit émerger ça et là des concepts, des prototypes, ou de réelles implantations de modes d’énergies alternatives et propres pour anticiper le futur. C’est ainsi que depuis quelques années des toits et des champs se retrouvent équipés de panneaux solaires, nos campagnes et nos mers sont bardées d’éoliennes et le nucléaire a le vent en poupe malgré les craintes de nombreuses personnes encore traumatisées par les catastrophes telles que Tchernobyl. En France, nous avons le fameux projet ITER, situé dans les Bouches du Rhône qui a été créé conjointement avec 35 pays pour élaborer et mettre au point une future industrialisation de la fusion nucléaire qui permettrait de s’affranchir pour une très grande part de la dépendance au minerai.

On le voit déjà autour de nous, les alternatives se démocratisent : voitures électriques avec aide à l’achat, transports en commun verts, véhicules hybrides, appareils moins énergivores, beaucoup d’éléments existent déjà pour préparer justement cette transition. Et on ne parle ici que d’énergie, nous n’avons pas abordé les alternatives aux matières issues du pétrole comme le plastique.

A ce jour, la course aux alternatives énergétiques bat son plein, c’est à celui qui sera le plus innovant car de ça dépend aussi le nouveau paysage économique. La course à l’or noir touche à sa fin, et il n’est pas simple de faire des pronostics quant à ce qui adviendra.

Car outre la pénurie qui est inévitable, il y a aussi une raison écologique urgente pour cesser d’utiliser les énergies fossiles pour tout et n’importe quoi. La pollution de l’air, de la terre et des mers pour des périodes de temps qui dépassent de très loin les périodes d’utilisation de nos biens de consommation et de nos besoins de déplacement, impose une recherche énergétique dite “verte” avec pour objectif majeur de continuer à consommer et vivre confortablement dans un monde fini, d’éviter d’avoir à subir une décroissance imposée doublée d’un dérèglement climatique. Un enjeu majeur et complexe qui reste le vrai défi pour les générations actuelles et à venir.


On le voit donc ici, cette pénurie d’énergie à laquelle fait face la Chine aujourd’hui met en lumière des problématiques beaucoup plus complexes et urgentes qui nous rappellent que, dans moins d’une vingtaine d'années, l’énergie sera un produit forcément cher, voire précieux. Économiser, recycler, rechercher des alternatives dites propres, qui soient pilotables (dont on puisse bénéficier lorsqu’on en a besoin et non pas en fonction de la météo par exemple), sont donc les options des sociétés et des pays qui voudront limiter les risques économiques et sociaux lorsque le point de bascule sera atteint.

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