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Les chantiers navals saturés par la demande

La tendance haussière des tarifs de fret et les remous économiques engendrés par la pandémie auraient pu laisser penser que le secteur maritime aurait à faire face à un ralentissement complet du secteur. Or, c’est un phénomène inverse qui s’est produit, à la grande surprise des commentateurs de la supply chain mondiale. Les chantiers navals ont enregistré un nombre record de nouvelles commandes ces derniers mois.


Une demande de navires neufs élevée

Cette hausse de la demande est pourtant assez logique lorsqu’on en analyse plus en profondeur les raisons et le contexte. Le sursaut d’activité post-confinement a donné des sueurs froides aux armateurs qui, bien que très contents de pouvoir engranger de confortables bénéfices, ont constaté que la flotte engagée ne suffisait pas à combler la demande, malgré les congestions portuaires liées aux déséquilibres des disponibilités en conteneurs maritimes.

Face à cette tendance, les armateurs ont relancé massivement les commandes de navires afin d’être en capacité de répondre à une demande encore plus forte demain. Les bénéfices importants retirés de l’activité ces deux dernières années ont également facilité leur capacité d’investissement dans ces nouvelles flottes.

Le surcroît de commandes n’est toutefois pas uniquement guidé par la volonté de répondre aux tendances de consommation qui évoluent. Les flottes de navires vieillissent et les nouvelles normes environnementales conduisent à une obsolescence prématurée de nombreux bateaux encore actifs. L’arrivée de biocarburants ou d’alternatives hybrides combinées aux hausses des coûts énergétiques a décidé les armateurs à anticiper la transition du secteur et à commander des navires de nouvelle génération, même si les normes environnementales ne sont pas encore totalement claires (par exemple la question se pose autour du brusque engouement pour les navires propulsés au GNL qui relâchent dans l’atmosphère du méthane, un gaz ayant un impact 80 fois supérieur à celui du CO2, selon l'ONG Transport & Environnement).


Carnets de commandes pleins, les chantiers saturent

Ainsi donc, les chantiers croulent sous les commandes. On estime que les navires commandés en cours de construction ou planifiés équivalent à 30% de la flotte en exploitation actuellement selon plusieurs sources. La majorité des commandes concernent également des modes de propulsion hybrides et alternatifs (dont le GNL). La majorité des bons de commandes sont partis vers la Chine et la Corée qui enregistrent des records en termes de vente de navires.

Nous avions évoqué la course aux gros navires dans un article précédent. La construction de très gros navires reste favorisée par les armateurs en raison des économies d’échelle à réaliser sur les grands axes. Cependant, on constate aussi actuellement un regain de commandes d’unités plus petites. Ces constructions d’unités aux capacités plus faibles sont le révélateur de deux tendances majeures : le renouvellement des flottes en utilisation et l’adaptabilité face à des structures portuaires encore mal adaptées ou peu adaptables aux plus gros navires.


Les prix explosent

Qui dit construction neuve, dit matière première. Or l’ensemble des matières premières a subi une importante augmentation des tarifs pour des raisons que nous avons évoquées à de nombreuses reprises dans nos derniers articles. Cette tendance touche directement et indirectement toutes les matières sans exception : les métaux, l'électronique, la peinture, les plastiques, le verre, etc.

Pourtant, cela ne freine pas les commandes dont les plannings sont lissés jusqu’à 2024 et risquent de s’étendre encore sur l’année suivante. Un surcoût qui n’effraie pas les armateurs, lesquels tablent sur une rentabilisation rapide de leurs investissements garantie par des volumes et des taux de fret en forte augmentation.

Le secteur maritime a toujours été houleux, avec des périodes fastes nées des fortes tensions issues de la sous-capacité de transport par rapport à la demande, ce qui est le cas d’une manière exacerbée aujourd’hui. Mais également des périodes, parfois très longues, de surcapacité de transport qui ont pu conduire à la faillite de géants du shipping, comme la compagnie coréenne Hanjin en février 2017. Si le renouvellement des flottes existantes peut avoir un impact sur la qualité du transport, l’augmentation des capacités est aussi un pari risqué des compagnies maritimes sur l’avenir du secteur.

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