La sécheresse touche le transport fluvial européen
Nous avions tout récemment abordé les difficultés rencontrées par le canal de Panama pour faire circuler ses navires à cause de la sécheresse. Ce phénomène n’est pas propre à Panama et l'Europe fait aussi face à une vague de sécheresse qui touche notamment son trafic fluvial, et en particulier sur le Rhin.
En effet, le faible niveau du fleuve empêche les navires de transiter à pleine charge. On parle actuellement de 50% de capacité de charge pour les navires circulant sur le fleuve. Le Rhin est très prisé pour le transport de produits tels que les minéraux, le charbon, les produits pétroliers ou encore les céréales. L’allemagne fait donc face à une réelle problématique logistique qui n’est pas sans rappeler les difficultés rencontrées en été 2022 avec des soucis de production et d’approvisionnement qui avaient mis les entreprises germaniques dans une situation très inconfortable.
Le Rhin est le 14e fleuve le plus long d’Europe avec 1233 km. Malgré cette longueur relativement modeste, il reste d’une importance capitale pour l’économie de la zone. Traversant l’Autriche, la Suisse, le Liechtenstein, la France, l’Allemagne et les Pays Bas, il est devenu, avec l’histoire, un acteur majeur de l’économie européenne en termes de logistique. En Allemagne notamment, celui-ci borde ce qu’on appelle la Ruhr, qui est le noyau dur de la puissance industrielle allemande, faisant du Rhin la première voie de transport continental avec près de 600 navires par jour qui traversent la frontière germano-néerlandaise.
Si les navires chargent moins, cela entraînera forcément des retards d’approvisionnement et des coûts supplémentaires. De plus, ajuster les navires actuels à des eaux peu profondes pourrait coûter, selon les estimations, près de 90 milliards d’euros, et sans compter d’autres frais qui pourraient venir s’y ajouter. Le réchauffement climatique pourrait faire durer cette situation déjà constatée en 2022, une conséquence directe qui pousse les industriels et les acteurs de la supply chain à trouver des solutions visant à un maintien des délais et à une rentabilité assurée. Certaines firmes ont d’ailleurs pris la douloureuse décision de se délocaliser comme le fabricant de plastiques Covestro AG.
Il est donc inévitable de rechercher des solutions car il ne sera pas possible de reporter le volume transporté par le fluvial sur le trafic routier. Pour donner un exemple concret, la célèbre marque ThyssenKrupp, la plus grande usine d’acier de l'Allemagne, importe près de 60 000 tonnes de matières premières, ce qui représenterait près de 2 000 camions chaque jour, ce qui est quasi impossible à réaliser, sans compter l’impact écologique.
Pour l’heure, les ingénieurs se creusent les méninges pour trouver des solutions durables. Un projet vise à draguer le fleuve au niveau de Kaub afin d’empêcher un blocage du fleuve, un projet similaire à d’autres qui sont en cours en Suisse mais dont les résultats ne sont pas encore publiés.