Contournement de la mer Rouge et météo capricieuse : les taux de fret sur le point d’augmenter ?
C’est un contexte un peu particulier qui perturbe le trafic maritime en ce moment. Entre Asie et Europe, un grand nombre de navires fait face à ce choix cornélien : emprunter une route promettant un fort risque d’attaques guerrières ou bien une autre route présentant un risque important d’avaries. Une situation on ne peut plus exceptionnelle et qui touche quasiment tous les opérateurs maritimes.
Nous l’avons évoqué à plusieurs reprises dans nos articles, le trafic en mer Rouge, qui passe par Suez, est actuellement fortement perturbé par des attaques de rebelles houthis au Yémen, qui agissent en soutien de la cause palestinienne face à Israël. Si la coalition internationale a condamné ces attaques tout en déployant une flotte armée destinée à protéger les navires marchands, cela n’a pas pour autant mis fin aux attaques. Une intervention jugée trop timide et qui n’a pas eu la force de dissuasion espérée. Tout récemment encore, de nombreuses attaques de drônes ont eu lieu, occasionnant notamment la mort d’un marin sur le vraquier Tutor, lequel a sombré avec son chargement de 80 000 tonnes de charbon. Une situation on ne peut plus tendue qui trouble la supply chain de cette zone.
Un tel contexte a donc poussé les armateurs à changer leur route pour emprunter celle du cap de Bonne Espérance. Un trajet plus long et plus coûteux mais moins dangereux… sauf lorsque le climat vient à s’en mêler. Récemment, plusieurs fronts froids ont frappé les zones montagneuses du Cap, provoquant de très fortes chutes de neige. Dans le même temps, plus près des côtes, ce sont des vents d’une violence rare qui ont provoqué des dégâts importants.
En mer, une tempête spectaculaire a fait rage durant plusieurs jours, bloquant des centaines de navires dont certains ont subi de très grosses avaries comme le vraquier Ultra Galaxy qui a été abandonné suite à une gîte trop puissante, ou encore le Benjamin Franklin de CMA CGM qui a perdu 44 conteneurs en mer et en a abîmé une trentaine d’autres. Le cap de Bonne Espérance n’a vu transiter aucun navire pendant plusieurs jours à cause des mauvaises conditions météorologiques, occasionnant ainsi une forte congestion dans de très nombreux ports.
Avant ces tempêtes qui ont touché l’Afrique du Sud, et après quelques jours de hausses consécutives, les taux de fret se maintenaient depuis plusieurs semaines. Si les tensions tant politiques que climatiques persistent, il y a fort à parier que les taux de fret repartiront à la hausse à mesure que les congestions s’amplifieront.