Conflits en mer rouge, quelles conséquences ?
Les tensions géopolitiques n’en finissent plus d'affecter la supply chain mondiale. Certes, les conflits ne sont pas nouveaux, d’où l’existence d’une taxe de guerre et d’une taxe contre la piraterie, mais ces trois dernières années, les tensions se sont intensifiées dans de nombreuses zones du globe.
Depuis les récentes attaques du Hamas qui ont entraîné une puissante riposte israélienne conduisant à l’escalade des tensions, la Mer Rouge fait face à une recrudescence d’attaques contre les navires marchands. Ces attaques risquent d’entraîner des retards dans l’approvisionnement de produits et matériaux mais aussi des surcoûts.
Depuis plusieurs semaines, les attaques se multiplient sur les navires civils et militaires. Derrière ces attaques, les Houthis, des rebelles proches du Hamas et contrôlant une partie du Yémen mènent des opérations qualifiées de “résistance” contre Israël, le tout avec le soutien de l’Iran. Ces attaques ont lieu en représailles au blocus opéré par les troupes israéliennes pour l’acheminement de nourriture et de médicaments dans la bande de Gaza.
Récemment un porte containers de Maersk, le Maersk Gibraltar, a été la cible d’une attaque. D’après les autorités américaines, il s’agirait d’un missile qui fort heureusement aurait raté le navire. L’équipage indemne a pu terminer sa route sans encombre, mais cette attaque a suffisamment fait de bruit pour que les armateurs décident de rerouter leurs services. Il faut dire que la zone devient de plus en plus dangereuse : deux jours avant l’incident du Maersk Gibraltar, l’armée française avait abattu des drones qui menaçaient un pétrolier norvégien et qui a été touché par un missile peu de temps après. MSC aussi a vu l’un de ses navires, le MSC Palatium III, être touché par un missile balistique qui l'a mis hors service.
Les principaux armateurs, à savoir Maersk, Hapag-Lloyd, CMA CGM et MSC, ont décidé de ne plus emprunter la Mer Rouge, un goulet d’étranglement naturel devenu bien trop dangereux. Une décision non sans conséquences sachant que la Mer Rouge permet de relier la Mer Méditerranée à l’Océan Indien via le Canal de Suez qui voit transiter près de 20 000 navires par an. Les rebelles yéménites ont d’ores et déjà fait part de menaces contre les navires qui franchissent le détroit de Bab Al-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, confortant les armateurs dans leur décision, jusqu’à nouvel ordre, de rayer la Mer Rouge de leurs routes maritimes.
La prudence est donc de mise et un détour par le Cap de Bonne Espérance a été mis en place par les armateurs, ce qui aura pour conséquence des retards et une probable hausse des tarifs et des primes de risques. Si le conflit dans cette zone venait à perdurer, c’est toute la supply chain maritime qu’il faudra redessiner et adapter, sans parler des conséquences économiques pour le gouvernement égyptien. Une situation qui s’avère beaucoup plus grave que lors du blocage du canal par le Evergreen Ever Given en 2021.
Malgré tout, la situation pourrait rapidement s’arranger avec l’arrivée d’une cavalerie internationale formée par la coalition de 10 pays, dont la France et les USA, visant à sécuriser la zone et permettre de résorber la menace qui pèse sur la libre circulation du commerce international. Lloyd Austin, chef du Pentagone, a lancé l’opération Prosperity Guardian qui permet d’espérer un retour à la normale.
Une information qui reste toutefois à prendre avec des pincettes quand on sait que ces rebelles ont le soutien de l’Iran, grand adversaire des Américains, et que le contexte géopolitique est encore plus tendu qu’à l’accoutumée. Les armateurs ne reviendront pas dans cette zone tant que la sécurité des équipages et des biens ne leur sera pas garantie.
Nous ne manquerons pas, bien évidemment, de vous tenir informés de l’évolution de la situation.