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Branle bas de combat pour contrer la pagaille logistique

La crise sanitaire et logistique a créé une perturbation majeure sur les différents ports mondiaux et l’ensemble des filières concernées. Une situation qui perdure et qui ne cesse de révéler son lot de mauvaises surprises au sein de la supply chain mondiale, déjà bien épuisée par les mois chaotiques qu’elle a traversés.

Au moment où nous écrivons ces lignes, des mouvements se mettent en place pour contrer les prévisions pessimistes des spécialistes, parlant d’un retour à la normale pour 2023, soit un peu plus d’une année encore à se triturer les méninges pour parvenir à faire fonctionner un tant soit peu la chaîne d’approvisionnement.


Hausse des matières premières : tous concernés !

C’est une des conséquences directes de la pandémie et sa pénurie de containers : la hausse du prix des matières premières. Nous avions évoqué récemment la hausse de matières telles que l’acier, le pétrole ou le gaz, mais toutes ces matières manquantes produisent un effet domino sur toutes les chaînes de production mondiales et, ce, jusque dans les rayons de votre supérette.

Les prix s’envolent. Les délais s’allongent. Les consommateurs peinent à comprendre ce qu’il se passe. Sony a vu la sortie de sa dernière console, la Playstation 5, fortement ralentie par des pénuries d’approvisionnement, créant à chaque arrivage des mouvements de foule hystérique dignes de l’ouverture d’un grand magasin un jour de solde. Si la console de la firme japonaise a subi des retards c’est lié en majeure partie à la pénurie de semi-conducteurs qui a frappé les industries chinoises.

Une pénurie qui a eu pour conséquence de toucher l’ensemble du secteur informatique, faisant monter les prix à des niveaux inédits. Qui dit semi-conducteur dit électronique et informatique. Et personne n’a été épargné ! Les “gamers” peinent à acheter des cartes graphiques et, quand ils en trouvent, le prix a explosé. On trouve des cartes de la marque NVidia a des tarifs avoisinant parfois les 6 000€ quand les mêmes coûtaient moins de la moitié il y a quelques semaines seulement.

Le marché informatique qui a tendance à se renouveler technologiquement chaque année, quel que soit le domaine (téléphonie, bureautique, photo, véhicules, etc), ne parvient pas à produire ses nouveautés. Ce phénomène inédit pousse les clients à se retourner sur le marché de l’occasion.

Pour contrer le manque de semi-conducteurs, des constructeurs tentent de nouvelles approches. L’exemple le plus flagrant ce sont les constructeurs automobile qui, faute de pouvoir fournir des véhicules équipés de la plus moderne électronique embarquée, renouvellent leur gamme avec des options en moins, ou plus anciennes, afin de continuer à produire et à vendre.

S’il y a quelques années, la DACIA LOGAN avait fait des émules avec ses tarifs attractifs et un ensemble d’options classiques (vitres manuelles, pas de GPS, etc), des constructeurs font de même afin de produire quand même des véhicules et ne pas subir de rupture de production trop importante. Ce retour au “classique” en terme d’innovation n’est bien sûr que temporaire et tout le monde est sur les starting blocks pour pouvoir vendre dès que possible les nouveautés qui attendent de pouvoir être vendues en masse.


Les indépendants subissent la hausse de plein fouet

Si les industriels parviennent non sans mal à garder la tête hors de l’eau et à limiter l’impact auprès de leur clientèle, les plus petits, eux, peuvent difficilement absorber des hausses qui mettent en danger leur fonds de commerce. Des efforts ont été demandés aux fournisseurs de ces petits et très nombreux acteurs par le biais de leurs syndicats professionnels ou de groupements afin de donner plus de visibilité et de poids à ces demandes.

Citons par exemple le SNBI, le Syndicat National des Brasseurs Indépendant, qui a demandé, au nom de ses 720 adhérents, à tous les fournisseurs de faire un effort afin que les brasseurs puissent modérer l’impact de la hausse des prix sur leurs clients finaux. L’exemple de la bière est un cas d’école. Si le malt peut provenir de France, d’autres matières en revanche subissent un surcoût inédit. On estime à plus de 10% la hausse générale sur toutes les matières premières. Le verre, le carton, les houblons souvent importés (de nombreuses variétés sont protégées par le biais de brevets et ne sont pas produites en France). Ajoutez à cela la hausse des matières telles que l’inox des cuves et enfin la hausse des prix du transport et vous obtenez une réelle problématique de coût de production.

Artisans et commerçants subissent de plein fouet les hausses de prix, que ce soit sur des matières premières ou sur l’approvisionnement de références. Cette hausse généralisée des matières est donc un énorme caillou dans la chaussure des plus petits commerces qui peinent à joindre les deux bouts malgré les nombreuses aides reçues durant la pandémie. Si les gens s’unissent pour pouvoir se faire entendre, les mêmes se tournent vers l'État en demandant une régulation des hausses ou des aides pour en absorber une partie. Et c’est ce qu’il se passe en ce moment aux USA.


Quand Joe Biden s’en mêle

Nous avions évoqué les énormes congestions portuaires du port de Los Angeles (et ailleurs) qui entraînent des retards et des pénuries pour de nombreux Américains, sans compter les chargeurs qui ont affrété des transports par leurs propres moyens comme Unilever, Walmart ou encore tout récemment Amazon et Coca Cola.

La situation devient tellement problématique que l'État monte au créneau. Le président lui-même appelle à faire du non stop pour désengorger les ports, parlant d’un engagement national, patriote, pour aider le pays. Une sorte d’effort national pour que le pays sorte de cette crise logistique.

La pression est mise sur le public mais aussi sur le privé ; beaucoup dépend aussi des syndicats. Si Long Beach a commencé, Los Angeles traîne des pieds, surtout que le port est réputé pour avoir un syndicalisme très dur. Cette demande ne concerne pas que la baie de San Pedro. Des ports tels que Seattle, Charleston ou encore Savannah ont commencé à retrousser leurs manches. Il faut dire que les armateurs se creusent les méninges pour que leurs navires ne bloquent pas plusieurs jours (parfois jusqu’à 18 jours) au mouillage, annulant des escales ou détournant des navires ne faisant que déplacer le problème.

Si l’administration américaine entre dans la danse c’est aussi parce que la fin d’année approche et que c’est là que la consommation bat son plein. Rappelons que la consommation américaine depuis 2020 est au-dessus de la moyenne habituelle. On estime à 25% le volume supplémentaire importé en 2020 par rapport aux autres années. Sur ces 25% on compte 74% d’augmentation pour les articles de loisirs et près de 49% pour l’électro-ménager, matériels essentiellement imports d’Asie... en porte-containers.

Même si la flambée des taux semble se stabiliser depuis le gel de certains tarifs par quelques armateurs, les volumes en transit et en attente persistent. Peu de nouveaux navires chargent compte tenu du manque de place disponible à quai et les tarifs restent inabordables pour de nombreux chargeurs et pour les marchandises à faible valeur ajoutée.

Du côté multimodal, la pénurie de chauffeurs routiers touche tous les pays. Mais ce sont les britanniques les plus atteints suite au Brexit et à la politique migratoire mise en place, laquelle crée un manque de près de 300 000 chauffeurs et force l’administration Johnson à prolonger les visas de 3 mois pour endiguer le manque de main d’oeuvre. Les tarifs ferroviaires ne sont pas en reste et s’emballent. L’avion est aussi en train d’atteindre des hauteurs tarifaires inédites étant de plus en plus sollicité pour des urgences logistiques, donnant même des idées à des armateurs qui ont décidé d’investir dans le transport aérien.

En Europe en revanche, si les ports voient augmenter leurs cadences, il n’y a pas eu pour l’heure de mesures concrètes mises en place par les institutions publiques. Mais parions que ça ne saurait tarder tant les cours s’envolent.


Il convient donc à surveiller de près les tendances des cours des marchés et à souhaiter que les nombreuses mesures mises en place, ou qui seront mises en place, permettront de défaire le sac de nœud logistique actuel.

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